Voix de femmes
Lundi 30 septembre 2013 / 20h00Yasmina Reza - Emmanuelle Devos
En partenariat avec France Culture et Le Monde des livres.
Lecture d'extraits de Heureux les heureux, suivie d'un entretien mené par Jean Birnbaum.
Location 01 44 85 40 40 et par internet - Tarifs 6€ et 10€
Le magazine
Le travail en questions
Entretien
«Il n'y aura plus de travail. [...] L'homme aura enfin du temps à lui», dit une voix dans Au monde. «Notre temps sans le travail ne serait rien», dit une autre voix dans Les Marchands.
Entre ces deux affirmations, plus d'une question se pose. Après avoir
découvert les deux pièces, la sociologue Dominique Méda nous fait part
de ses réactions de lecture.L'énigme qui vous regarde
À l'occasion de la mise en scène du Papier peint jaune, dont l'héroïne traverse un moment délirant, Sarah stern, psychiatre, a accepté de nous faire part de sa lecture de la nouvelle de Charlotte Perkins Gilman.Un volcan en veste de cuir
Rainer Werner Fassbinder vu par Luc BondyLes écrits s'envolent, les paroles restent
Entretien avec Blandine Masson, conseillère de programmes pour la Fiction sur France Cultureen allemand, traduction audio en simultanéDie bitteren Tränen der Petra von Kant
Les Larmes amères de Petra von Kant de Rainer Werner Fassbinder mise en scène Martin Kušejavec Bibiana Beglau, Sophie von Kessel, Elisa Plüss, Elisabeth Schwarz, Michaela Steiger, Andrea WenzlDates et heures
Durée
Lieu
Tarifs
Aber alles ist vorbestimmt. So oder so. Da bin ich ganz sicher. Ich hab es ertragen müßen.
Weißt du, Karin, der Mensch ist schlimm.
Letztlich erträgt er alles.
Alles.
Mais tout est écrit d'avance. D'une manière ou d'une autre. J'en suis sûre.
Il m'a fallu le supporter. Tu sais, Karine, les êtres sont terribles.
Finalement, ils supportent tout.
Tout.
«Crois-moi, confie Petra von Kant à son amie Sidonie von Grasenabb, je suis heureuse d’avoir vécu ce qui s’est passé comme cela s’est passé. Ce que tu as appris, personne ne peut te le reprendre. Au contraire, ça te mûrit.» Lorsque Petra, si élégante, si distinguée, raconte comment son mariage avec Franck a fini par un lamentable naufrage, sans doute précipité par son succès comme créatrice de mode, elle paraît tout à fait apaisée, tout entière concentrée sur ses prochains objectifs professionnels. Sa mère lui emprunte de l’argent ; sa fille est pensionnaire dans un établissement renommé ; la fidèle Marlène veille silencieusement sur les travaux et les besoins de sa maîtresse. Tout semble en ordre. Rien ne laisse présager que dans un quart d’heure à peine, une bombe va exploser dans cette existence apparemment si pleine – une bombe qui s’ignore, et qui a nom Karine... Cinq actes comme cinq fragments significatifs prélevés dans la vie d’une femme, cinq flashes dramatiques suffisent à Fassbinder pour nous faire traverser les convulsions d’une passion folle, suicidaire et peut-être libératrice. L’histoire est directe, brutale, comme taillée à la serpe par un auteur de vingt-cinq ans. Fassbinder écrit sa pièce au milieu exact de sa courte carrière théâtrale. Quatre ans plus tôt, il a rejoint le Théâtre Action ; quatre ans plus tard, en juin 1975, il démissionne du Theater am Turm de Stuttgart pour se consacrer exclusivement à sa carrière de réalisateur (qui le verra créer, avec Maria Braun, Lili Marleen ou Veronika Voss, certains des plus beaux personnages de femme du cinéma). Entretemps ce bourreau de travail entièrement immergé dans sa troupe a déjà commencé à porter ses propres scénarios à l’écran, tirant lui-même en 1972, l’année même de l’écriture de sa pièce, un film tourné en onze jours où il offre à la jeune Hanna Schygulla, qui joue Karine, l’un de ses premiers rôles marquants. Incarner de telles passions, dans ce monde où les hommes brillent par leur absence, est réservé à des comédiennes physiques, puissantes, prêtes à s’engager totalement.Une fois encore, Martin Kusej (prix Faust 2012 pour cette mise en scène) a réuni une superbe distribution, avant de lâcher ses interprètes comme autant de fauves dans un dispositif quadrifontal pareil à une cage de verre, qui magnifie encore la violence trash et somptueuse de cette histoire d’un grand amour désespéré.Éditorial
Puisque l'Europe est morose, l'Odéon- Théâtre de l'Europe se doit d'être joyeux. Là réside la puissance de l'art et des artistes, dans leur capacité à danser au-dessus du volcan, dans leur obstination à dépasser les contingences du temps.L'effort que l'on doit nous demander est celui de la vitalité ; il ne nous appartient pas d'être austères.Sur les tréteaux de théâtre où se donnaient les farces que regardait l'enfant Poquelin tout autant que sur les collines d'Ingmar Bergman, les crânes rient et la mort s'amuse. Toujours le théâtre s'est moqué des médecins en robes noires qui n'ont que le mot «saignée» à la bouche.Ce qu'on pourrait prendre pour de l'insouciance ou de la naïveté est une forme de courage. Nous aurons échoué dans notre mission lorsque les théâtres seront vides et que nos spectateurs d'aujourd'hui – ceux qui ont ri dans la salle du Prix Martin, ceux qui ont applaudi Le Retour de Harold Pinter – s'enfermeront chez eux pour ruminer la crise entre camomille et bas de laine. Le théâtre, pas plus que les artistes, n'a à montrer l'exemple. Si l'on veut tuer l'artiste, qu'on lui demande d'être raisonnable, qu'on lui demande de faire marcher ses désirs au pas. Le théâtre, pas plus que les autres arts, n'est accessoire. Dans des sociétés contemporaines où le regard posé sur l'aujourd'hui est toujours trop immédiat, ce sont des laboratoires où s'expérimentent le nouveau et la libre créativité. C'est à leur contact que la pensée, l'inventivité des entreprises aussi, peuvent se régénérer. Il ne nous suffit pas d'être un théâtre d'État, il nous faut aussi être l'État libre du théâtre. La démocratie ira mal lorsque nous aurons abandonné les trottoirs aux diseurs de mauvaise aventure. Nous rêvons d'une ville aux soirées joyeuses, aux terrasses riantes, où les spectateurs se répandent en sortant des théâtres, des salles de concert et des cinémas – «Ce soir-là..., vous rentrez aux cafés éclatants, vous demandez des bocks ou de la limonade...». C'est dans cet esprit que nous avons désiré construire cette nouvelle saison, la deuxième qu'il nous appartient de présenter à l'Odéon-Théâtre de l'Europe, dont nous fêtons en 2013 les trente années d'existence. Loin de nous l'idée de commémorer cette brillante histoire – combien de Giorgio Strehler et de Klaus Michael Grüber, de Krystian Lupa et de Peter Zadek, de Deborah Warner et d'Ingmar Bergman, de Romeo Castellucci et de Peter Stein se sont succédé sur ces plateaux pour faire entendre une pensée européenne dans des langues et des auteurs si divers et pourtant communs ? – en arrosant les chrysanthèmes ; notre désir – car là réside, ultimement, le cœur de notre raison – est de lancer plus haut et plus loin encore s'il est possible notre mission singulière, celle d'être à la fois le plus ancien théâtre-monument de Paris, né en 1782 dans l'effervescence annoncée de la naissance d'un esprit nouveau, et le plus jeune théâtre européen de la capitale.De nouveaux visages, riches d'avoir été spectateurs de nos salles avant d'y être aujourd'hui invités, à peine plus âgés que nos trente dernières années, porteront une énergie neuve : Benjamin Porée et Jean Bellorini mettant respectivement en scène Tchekhov et Brecht. Katie Mitchell, elle aussi accueillie pour la première fois à l'Odéon, et Angélica Liddell, qui incendiera à sa manière les ors de la salle historique du 6e arrondissement. Joël Pommerat, par son statut d'artiste associé, nous offre l'opportunité d'un retour sur l'histoire en présentant à nouveau deux de ses anciens spectacles (Au monde et Les Marchands). Il créera, dans le cadre d'un atelier de transmission associant de tout jeunes acteurs, Une année sans été, premier et très beau texte écrit par Catherine Anne alors âgée de vingt-sept ans. De Martin Kušej, rapidement passé entre nos murs la saison dernière, nous accueillerons Les Larmes amères de Petra von Kant de Fassbinder. Patrice Chéreau – en 1972, déjà, il présentait à l'Odéon un Richard II dont il tenait le rôle-titre – reviendra à Berthier, une décennie après Phèdre, pour mettre en scène Comme il vous plaira. Je suis heureux de l'accueillir à nouveau. Parce que je suis «addict» à Marivaux – j'y reviens pour la quatrième fois –, je mettrai en scène Les Fausses Confidences de ce premier explorateur dramatique, qui, bien avant Labiche, est parvenu à montrer que l'amour est peut-être – surtout ? – un jeu vénal qui mène les cœurs bien au delà de leurs premiers désirs. J'aurai l'immense plaisir d'y diriger Isabelle Huppert, familière de ce plateau, mais avec laquelle je n'ai encore jamais travaillé. Louis Garrel et Bulle Ogier, Yves Jacques et Jean-Damien Barbin, Manon Combes et Bernard Verley seront également de l'aventure.Nous tenons à maintenir largement ouvert l'espace destiné à la littérature et à la philosophie. Les Bibliothèques de l'Odéon se poursuivront en étroite collaboration avec France Inter et France Culture, le Monde des Livres, Gallimard, Flammarion et Le Seuil, et s'ouvriront à de nouveaux partenaires hors les murs. Ce programme a par ailleurs, ainsi qu'il l'avait fait la saison dernière avec René Burri, ouvert ses pages au travail de la jeune photographe polonaise Anna Orłowska, qui signe la totalité des images présentes dans cette édition. On le voit – je l'espère du moins – les terrasses des cafés seront combles la saison prochaine. Et il suffirait de planter quelques «tilleuls verts sur la promenade» ou au long des allées du Luxembourg pour que Rimbaud ait tout à fait raison de ne pas être sérieux.Luc Bondy«Par bien, j’entends ici tout genre de joie et tout ce qui peut y conduire, particulièrement ce qui satisfait un désir quel qu’il soit ; par mal, tout genre de tristesse, et particulièrement ce qui prive un désir de son objet.» Baruch Spinoza, Éthique1767 — 1780
un théâtre pour les comédiens français
A l'étroit dans leur salle du "jeu de paume" rue de l'Ancienne Comédie, les Comédiens ordinaires du Roi vont se voir attribuer le premier "théâtre- monument" de la capitale; il constitue la pièce centrale d'un projet d'urbanisme bâti sur les terres du Prince de Condé, et dont les maîtres d'oeuvre sont les architectes Marie-Joseph Peyre et Charles de Wailly. Exemplaire quant à ses qualités urbaines, il l'est aussi par l'harmonie de ses proportions intérieures. C'est aussi la première salle à "l'italienne" qui offre aux spectateurs de l'orchestre un parterre garni de bancs.
1780 — 1782
deux ans de chantier
Monsieur, Comte de Provence, frère du Roi Louis XVI, pose la première pierre en octobre 1780, après plus de dix ans de batailles de promoteurs. C'est lui qui, ayant reçu en legs les terrains de l'Hôtel de Condé, en fit don pour l'édification du bâtiment et se chargea des frais de construction. Entre-temps la troupe avait trouvé refuge dans l'immense salle des machines du Palais des Tuileries.
9 avril 1782 — 10 avril 1782
inauguration
Marie-Antoinette inaugure le 9 avril 1782 le Théâtre-Français, ce "Temple nouveau que la munificence royale vient d'élever à la gloire de l'Art dramatique." Il répond aux théories émises dès 1760 par Quatremère de Quincy, à propos de la fonction du théâtre en tant que monument public: "Un monument de cette espèce doit être considéré non comme une maison d'habitation mais comme un lieu public, à la jouissance duquel tous les citoyens ont droit de prétendre..."
1784 — 1789
Un théâtre dans la ville
Deux ponts de communication, sous lesquels on peut descendre à couvert, rattachent à la façade du théâtre les pavillons Corneille et Molière. Sous les arcades on ouvre des boutiques, numérotées de telle sorte que chacun puisse retrouver ses carrosses et valets. Les abords du théâtre offrent une facilité de circulation sans précédent.
27 avril 1784 — 28 avril 1784
La Folle journée
La création triomphale et agitée du Mariage de Figaro de Beaumarchais, allait augurer du destin particulièrement mouvementé du théâtre: le 27 avril 1784, c'est l'aristocratie menée par Marie-Antoinette, qui fait triompher cette Folle Journée, malgré l'avis contraire du roi qui en avait bien perçu le contenu subversif. "Je sais quelque chose de plus fou que ma pièce, c'est son succès," dira Beaumarchais, succès resté inégalé dans toute l'histoire de l'Odéon. Figaro est créé par Dazincourt qui fut par ailleurs le professeur de la reine.
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